Quels sont les outils et méthodes de prévention qui peuvent être mis en place ? Voici quelques pistes de réflexion pour les professionnels du soin en Nord-Charente et d’autres régions.
1. Le post-immédiat du traumatisme : un moment privilégié pour réduire son impact psychique
Pour les heures qui suivent la survenue d’un accident, d’une catastrophe naturelle ou d’un attentat, la puissance publique a pris déjà depuis plusieurs années des dispositions pour former des professionnels à cette première intervention. Quand elle est adaptée, nombre de psychotraumas peuvent être évités lorsqu’ils sont diagnostiqués… à condition que lesdits professionnels ne soient pas eux-mêmes traumatisés en tant que témoins (traumatismes vicariants).
2. Prévention du SPT lié aux interactions humaines
Dans un monde mercantile où, selon l’Organisation Internationale du Travail, 40 millions de personnes sont victimes de la traite ; où 300 000 enfants sont prostitués en Thaïlande pour combler la misère sexuelle des nantis, et 5 millions en Inde ; où dans le “doux pays de nos enfances”, 160 000 enfants par an subissent une agression sexuelle et 7000 à 10 000 autres sont prostitués ; et quand on sait que l’espérance de vie d’un.e prostitué.e est de 51 ans, il est clair que cette réduction massive des personnes à de la marchandise (“chair à éjaculation”, comme on parle de « chair à canon ») révèle une perversion profonde de notre civilisation. Si nous pouvons œuvrer chacun.e à en sortir, la tâche est immense et devra mobiliser dans toutes ses dimensions la plupart des sociétés humaines contemporaines.
La violence sexuelle fait rage dans certaines familles : inceste, abus sexuels des enfants, violence conjugale*
Aucune fatalité à cela, même si certaines études ne manqueront pas d’être financées pour déceler l’empreinte épigénétiques de ces violences, et permettre à certains esprits d’y voir un caractère héréditaire – comme cela s’est vu pour la délinquance.
La psychologie du développement humain explique ces chaînes transgénérationnelles du malheur, et il nous appartient, dans chacune des sphères de nos vies (de l’intime, familiale, professionnelle, d’adepte et de citoyen.nes), d’être acteur.rices de la prévention, d‘être attentif.ve aux faits de violence ; d’adopter une écoute active de ses victimes à même d’ouvrir leur parole, et d’apporter ainsi notre contribution à l’évolution de la perversion généralisée de notre monde vers sa résilience.
L’éducation pourra peu à peu enseigner aux enfants non seulement la connaissance des limites de ce qui est permis aux autres avec leur corps, mais également une solide confiance en l’intuition de ce qui est acceptable, et des personnes à qui confier ce qui ne l’est pas.
En ce qui concerne la violence conjugale, sont désormais assez bien connus les cycles qu’elle décrit, et les circonstances de la vie du couple à grand risque de passage à l’acte (violence physique, meurtre) : en divulguer la connaissance devrait épargner, à tout le moins alléger des vies.
* si par nécessité d’adopter des repères objectivables, la loi a défini le “consentement” comme frontière entre rapprochements sexuels licites et illicites, un objectif de santé sexuelle reconnaît comme empreint d’une certaine violence (à soi-même ?) un accomplissement du “devoir conjugal” sans désir et sans plaisir, a fortiori s’il est motivé par la crainte de violences verbales ou physiques.
Le développement personnel comme protection
La confrontation à la violence d’autrui induit d’autant moins de perturbations que le sujet dispose de solides assises intérieures (attachement sécure, confiance en soi et en la vie, sentiment de sécurité,…). La violence ne pose plus alors que la question de la sauvegarde des personnes en présence – et non plus celle de leur valeur ou de celle de leurs actes. Des assises intérieures comme celles qu’une guidance parentale aide les jeunes parents à donner à leur enfant, ou que plus tard dans la vie consolide tout ce qui concourt au développement personnel.
En attendant un Paradis sur Terre qui en serait dénué, est-il possible de mettre en place une prévention, et de se préparer à réagir de manière constructive à la violence d’autrui ? Dans un certain esprit, les arts martiaux devraient le permettre.
Enfin, la Communication Non Violente nous conduit chacun.e d’entre nous à découvrir sous quels masques (tout ce qu’il y a de plus ordinaires) la violence se cache dans nos manières de communiquer – a fortiori quand les écrans empêchent ou médient tant d’échanges.
3. Axe prévention à Colimaçon
4 pistes de prévention des traumatismes et SPT :
Nous souhaitons plus généralement accompagner toute démarche promotrice de développement personnel. Evoluer en s’amusant est plus attrayant que de suivre une conférence sur un sujet austère. C’est pourquoi nous tâcherons d’organiser, toujours à visée de développement personnel, des conférences sur des sujets de prévention attirants plutôt que sur le psycho trauma et ses conséquences. Chaque fois que possible, nous organiserons aussi des spectacles dans cet esprit. À l’occasion de ces soirées, nous présenterons Colimaçon, espérant que nous serons rejoints pour mener à bien nos projets déjà existants, et nous associer à d’autres projets dans la ligne d’action de Colimaçon.
Nous souhaitons accompagner toute démarche d’acquisition d’outils pour désamorcer la violence dans les situations de conflit (Communication Non Violente, méthode Gordon,…?). C’est ainsi que nous sommes en contact avec les acteurs locaux de la Communication Non Violente, impulsée par Marshall B. Rosenberg.
Qu’est-ce que la CNV?
C’est un courant de pensée et des centres de formation ouverts à tou.tes. Ses adeptes, donnant priorité absolue à la qualité de leurs relations, se trouvent engagés à y travailler, à contresens d’une civilisation distancieuse qui dénie toute réalité à ce qui ne se chiffre pas.
L’objectif de la CNV est de quitter la tentation de juger (par exemple : « Se montrer violent.e, c’est mal, faire de la CNV, c’est bien ») au profit d’une clarification de notre intention à chaque instant. Aucune intention n’est mauvaise, mais les conséquences pour soi ou pour les autres sont différentes en fonction de notre intention. La CNV permet de nous responsabiliser par rapport à ce que nous vivons, d’accéder pleinement à nos ressources et à notre capacité de choix pour engager notre énergie dans des actes emplis de sens.
En d’autres termes, l’injonction intime de communiquer sans violence sollicite à chaque instant notre créativité : mes besoins et ceux de l’autre ont la même légitimité. L’école de Rosenberg fait réfléchir à ce qui se joue en soi et dans les relations, une réflexion qui aide à passer de la peur du conflit à la richesse du conflit, et accorde une place importance à la reconnaissance mutuelle et à la gratitude. L’intelligence collective s’en trouve accrue : la CNV alimente une transition vers une société où les besoins de tous puissent être pris en compte, et promeut la coopération dans les organisations et les structures hiérarchiques.
De multiples pistes sont à explorer : amener en Nord Charente des formations pour apprendre les gestes et les postures mentales à adopter lorsque nous sommes confronté.es à la violence entre deux personnes, …
Nous voulons œuvrer pour que les acteurs locaux au contact des personnes souffrant de SPT se rencontrent et se connaissent. À terme, le réseau ainsi créé permettrait à chacun d’avoir un carnet d’adresses pour les victimes de violence en cours (femmes battues).